Tout là-haut, les Tibétains, minuscules, se meuvent lentement. Tout ce qui bouge : nuages blancs, troupeaux de moutons, chiens sauvages, “chevaux du vent”, les femmes qui marchent avec leur enfant sur le dos, et moi-même, vagabond venu de Chine, tout ce qui vit se déplace comme dans un plan au ralenti. Là-haut, on souffre de maux de tête atroces. On sent une fente se creuser le long des tempes, on réalise alors que la fontanelle, en haut du front, peut à tout moment s’ouvrir comme le dôme de fer d’un observatoire.
— Ma Jian, « Le chörten d’or », la Mendiante de Shigatze (trad. Isabelle Bijon)