Où que ce soit au monde, à sept heures du soir je suis en péril. Je sombre dans la mélancolie et l’angoisse si je suis seul, si rien ne me distrait de mon âme qui à ce moment est toujours gagnée par une inquiétude plus grande, si je ne suis pas au milieu d’autres gens ou assis dans un cinéma, il m’arrive d’être gagné par une angoisse mortelle, oui, gagné, je l’ai gagnée et je puis l’accepter comme un présent, que je le veuille ou non, cette angoisse qui n’a pas forcément à voir avec la mort ni le fait de mourir. J’entends le glas de mon village natal, toujours et partout, à sept heures du soir, à Berlin, à Rome, à Tokyo, en Inde, à Klagenfurt.
— Josef Winkler, Requiem pour un père. Roppongi (trad. Bernard Banoun)