Impossible de trouver le sommeil. Je ne cessais de réfléchir à mon problème. J’ai voulu essayer de penser à autre chose. Alors, comme si j’avais percé une brèche dans un barrage, un flot de souvenirs et d’images a jailli et s’est mis à danser dans ma tête. Incapable de réagir, je ne pouvais qu’assister, impuissant, au rappel douloureux de toutes mes faiblesses. Ma nullité me rendait encore plus dérisoire. Les unes après les autres, je revoyais les situations où j’avais accepté d’être la risée de tous, un pantin manipulé. Je repensais aux faux-fuyants, à ces maigres jouissances auxquelles j’avais fini par me résigner et qui, désormais, gouvernaient mon existence…
— Sonallah Ibrahim, le Comité (trad. Yves Gonzalez-Quijano)