Renaud Jean

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  • Lui aussi était un voyageur dans la vanité du monde. Pour lui aussi la vie était une interminable montée, un chemin escarpé, un long carême. Quand en verrait-il le bout ? Peut-être était-il effrayé par les fantômes de son imagination, mais il augurait mal de son avenir ; le seul avantage était qu’il philosophait par avance sur tout ce qui pourrait lui arriver.

    — Alexandre Papadiamantis, « Nuit de carnaval », Rêverie du Quinze-Août (trad. René Bouchet)

    19 juin 2025
  • Une tortue sur le chemin
    18 juin 2025
  • Grande forme, de Brigitte Baer : être bien dans sa peau
    16 juin 2025
  • En me souvenant de ce moment précis, je me vois presque au bord de la folie. Et il est clair qu’aujourd’hui, je ne pourrais plus éprouver ce genre de sentiment ; il existe une barrière transparente entre les émotions violentes et moi. Certes, je ressens ce qu’il est normal de ressentir, mais je ne peux plus me faire croire que ça compte véritablement. Je ne dirais pas que je suis mort, mais simplement, que le feu a commencé à s’éteindre et je sais que cela continuera encore pendant soixante ans au plus. Je ne suis pas malheureux, je n’ai pas peur de la mort, mais je ne suis plus vivant de la manière dont je l’étais […].

    — John Braine, Une chambre au soleil (trad. Sarah Londin)

    5 juin 2025
  • Le phénomène de tradition sociale a déjà été répertorié chez des animaux. Brendan Barrett a ainsi étudié des capucins au Costa Rica qui s’étaient mis à épouiller des porcs-épics, avant que cette mode ne passe.

    — Agence France-Presse

    23 mai 2025
  • Tanguy Viel au Collège de France

    23 mai 2025
  • J’ai fini par comprendre qu’il recherchait dans la lecture au moins un peu de la proximité humaine qu’il ne trouve pas dans sa vie.

    — Jean-François Beauchemin, le Roitelet

    22 mai 2025
  • Le problème du manque de confiance en soi.

    Le problème de la honte.

    Le problème de la haine de soi.

    Tu l’as ainsi formulé un jour : Quand je suis tellement exaspéré par ce que je suis en train d’écrire que je décide d’abandonner, et que plus tard je suis irrésistiblement ramené au texte, je pense toujours : Comme un chien à son vomi.

    Pourquoi, chaque fois qu’on me demande ce que j’enseigne, remarque une de mes collègues, je suis incapable de répondre « l’écriture » sans éprouver un sentiment de gêne.

    — Sigrid Nunez, l’Ami (trad. Mathilde Bach)

    13 mai 2025
  • Il me regarda et ses yeux s’emplirent de terreur et de haine. Ainsi, je n’étais plus capable de susciter chez les gens d’autres sentiments ? Pour quelle raison, au fond ?

    — Martin Harníček, Viande (trad. Benoit Meunier)

    7 mai 2025
  • Quel est ce « tout » qui me manque, qui fait que je me sens toujours un peu à côté de moi-même, où que je sois ?

    — Mélissa Grégoire, Maisons perdues, maisons rêvées

    4 mai 2025
  • Nous sommes entrés dans la deuxième vague de la pandémie qui, pour mon plus grand bonheur, nous force à rester chez nous. À la radio, des psys et des médecins mettent la population en garde contre les « graves problèmes mentaux » que peut générer le confinement. Des gens tombent en dépression, d’autres deviennent violents, incapables de supporter l’isolement, et je me demande si la vie que je mène depuis des années, une vie sobre, solitaire, réglée comme une montre, ne m’a pas rendue « malade » au point de me donner une force que je ne soupçonnais pas : je ne vois pas en quoi la pandémie a changé ma vie, en quoi elle me rend moins libre qu’avant. J’aime les longues files d’attente à l’épicerie ou à la pharmacie qui me font prendre conscience de la fragilité humaine, des nécessités quotidiennes, du fait qu’à n’importe quel moment, qu’on soit riche ou pauvre, on peut manquer de tout. Je finis aussi par m’accommoder de l’enseignement à distance. Je sens qu’enfin je ne suis plus seule à me sentir seule, à éprouver l’ennui et le manque. Nous sommes tous seuls en même temps, dans la même prison, tendus vers un grand désir de guérison ! Enfin, le monde s’ajuste à moi !

    — Mélissa Grégoire, Maisons perdues, maisons rêvées

    4 mai 2025
  • il en est arrivé à cette conclusion : il faut dire la vérité aux gens, et toute création artistique, qu’elle soit architecturale, poétique, musicale, scientifique ou philosophique, doit s’inscrire dans cette perspective, il faut franchement dire aux gens la vérité sur l’univers dans lequel nous vivons, il faut les regarder droit dans les yeux et leur dire que l’univers est en état de guerre, qu’il n’y a pas de paix, que l’univers n’est que danger, risque, tension et destruction, que rien ne peut y demeurer intact, l’expression même « demeurer intact » est mensongère, toute forme de paix, de tranquillité, de stabilité, de repos, est une illusion, bien plus dangereuse que la vérité, la vérité sur l’univers est bien le danger, le risque, les tensions, la destruction, le nier est soit insensé, soit un mensonge délibéré, soit repose sur un argumentaire dénué d’intelligence […] le message de Woods, si l’on comprend ce qu’il veut dire, est époustouflant, puisqu’il affirme que le mode de fonctionnement de l’univers repose intégralement sur la destruction et la dévastation, la ruine et la désolation, comment vous dire, il n’existe pas de dichotomie, il est absurde de parler de forces antagonistes, d’une réalité descriptible en termes de concepts complémentaires, parler de bien et de mal est une idiotie puisque tout est mal, ou rien ne l’est, la réalité ne peut être appréhendée que sous un seul angle, celui de la destruction perpétuelle, de la catastrophe permanente, la réalité, c’est la catastrophe dans laquelle nous vivons, de la plus petite particule subatomique jusqu’à la plus grande unité à l’échelle planétaire, tout, vous m’entendez ? et je ne m’adresse toujours à personne en particulier, tout ici, dans la dramaturgie de l’inévitable catastrophe, joue à la fois le rôle de l’agresseur et de la victime, alors il ne nous reste qu’une chose à faire, prendre acte des choses, de la réalité, et nous interroger sur la nature de la destruction, par exemple, celle des forces phénoménales qui façonnent notre Terre à chaque instant

    — László Krasznahorkai, Petits travaux pour un palais (trad. Joëlle Dufeuilly)

    28 avril 2025
  • Nous mangeons des pâtes
    en parlant du cancer
    Nous mangeons des épinards
    en parlant du chômage
    Nous mangeons des steaks végétariens
    en parlant des migrants
    Nous mangeons du jambon serrano
    en parlant des maladies auto-immunes
    Nous mangeons des vol-au-vent
    en parlant de ma rupture
    Nous mangeons des crevettes snackées
    en parlant du suicide
    Nous mangeons des demi-gâteaux
    en parlant de la faillite de l’Europe
    Nous mangeons du tartare de saint-jacques
    en parlant de la loi sécurité globale
    Nous mangeons des pralines
    en parlant de la fin
    des relations humaines

    — Pauline Picot, Permettez-moi de palpiter

    26 avril 2025
  • La force d’un romancier vient de ce qu’il ressent profondément une misère particulière.

    — Emmanuel Bove

    26 avril 2025
  • J’aurais voulu écrire, mais voilà, la création relève d’un état de grâce, il faut tant de choses pour que cela réussisse, impulsions et sérénité, paix intérieure et émotions stimulantes, à la fois douces et amères, tout cela me manquait.

    — Magda Szabó, la Porte (trad. Chantal Philippe)

    25 avril 2025
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