De même que le paysage dans lequel vivent ces ouvriers agricoles, chez nous, leur paraît à eux-mêmes infini, de même leurs états d’âme peuvent présenter des steppes presque désertiques. À part la mélancolie et la peur, rien ne semble vouloir y pousser. Et ils errent, impuissants, sur ces mornes étendues. Ils ont si longtemps été éblouis par l’éclat dont sont auréolés leurs maîtres qu’ils sont aveugles pendant la journée, comme la chouette, mais, contrairement à celle-ci, ils n’y voient pas la nuit non plus.
— Ivar Lo-Johansson, « L’inspection domiciliaire », Histoire d’un cheval et autres récits (trad. Philippe Bouquet)